Arcane épique du tarot de Marseille, cette carte est souvent associée à la réussite et au voyage dans de nombreux domaines. Le chariot a également sa face cachée. Si de premières vues, l’homme représenté sur le chariot semble être dans de bonnes configurations, les apparences sont parfois trompeuses. En programmation neurolinguistique, le regard, dirigé vers le bas à droite, active l’idée de construire un imaginaire, alors que le regard en bas à gauche serait davantage lié à un événement réellement vécu. Cela supposerait que l’homme sur ce chariot est potentiellement mal à l’aise dans cette posture ou cette imposture. Cette position mensongère ne lui ressemble pas. De ce regard qui en dit long, il nous rappelle certains débats politiques où l’homme fuit du regard par mépris celui ou celle qui l’observe. On pourra aussi remarquer que l’une des roues du chariot n’a pas la roue dans son axe et que les 2 chevaux sont différents et ne paraissent pas tirés vers le même endroit. Néanmoins, ils sont complémentaires. Si l’un est blanc et stable, l’autre est noir et semble fougueux. Le chariot qui ne détient pas de rennes est dirigé par la force de l’esprit de son colocataire. La chute peut arriver à tous moments. L’esprit vacille.
Au-delà de ces aspects, le chariot montre des apparats flatteurs de réussite, de dominance et de succès matériel. La force équilibrée est nécessaire à sa direction. On pourra dire que l’homme ménageant sa monture arrive à point. Si le chemin du succès est parsemé d’embûches, garder son succès l’est aussi. La notoriété peut prendre du temps, c’est un voyage nécessitant plusieurs étapes. Si le but du voyage est d’accumuler des richesses, l’homme au bord de ce chariot ne parait pas spécialement heureux. Dans nos sociétés, nous sommes régulièrement sollicité d’obtenir différents objets. En effet, le bonheur, c’est d’avoir. Que signifie alors réussir sa vie ? Quel est le sens de ce chemin, de cette quête, de ce voyage ? Nous avons souvent entendu dire que les alchimistes cherchaient à transformer ou devrais-je dire à transmuter le plomb en or ! Mais une fois l’opération du plomb en or finie, cela n’avait plus de sens pour l’alchimiste d’obtenir de l’or. Et si le bonheur, ce n’était pas d’avoir, mais d’être. Nous parlons fréquemment de » bien-être ». Mais quand on « est », on est « bien ». La distinction se fait entre ces 2 auxiliaires de la langue française, « être » plutôt qu’avoir ». Mais quand on n’a rien, ce n’est pas le bonheur non plus. On manque de tout y compris de l’essentiel. Alors, la solution est peut-être tout simplement d’être modeste face à la vie et de trouver la gratitude partout où l’on peut, sans excès. Dans la vie, nous ne faisons que paraître comme l’homme sur ce chariot. Le triomphe, c’est le bonheur. C’est à dire à la bonne heure. Ici et Maintenant.
Pour les alchimistes, le chariot peut également représenter le véhicule de l’œuvre alchimique. L’œuvre alchimique est un voyage intérieur, pouvant mener à l’aboutissement d’un cycle. C’est là, où se trouve le paradoxe! C’est quand nous pensions être arrivé que nous commençons réellement le chemin. Tels sont les enseignements du chariot. Je me rappelle un vieil homme, après avoir vécu toute sa vie au travail, accumuler de nombreuses richesses, mettant à l’abri ses enfants et ses petits enfants d’un point vue matériel, dire à son fils : « je n’ai rien compris à la vie ». Nous sommes nombreux à penser à l’argent en tant que quête d’existence. Cette confusion du verbe « avoir » et du verbe « être », en se disant « j’ai, donc je suis heureux » est une illusion. Le bonheur d’avoir n’est pas le bonheur d’être. D’ailleurs, quand on a du matériel, il finit par vieillir, se casser, se démoder, voir de venir inutile.
Avoir réponds à un besoin matériel, un besoin de sécurité, un besoin de paraître, l’hubris, pas un besoin de bonheur. Nous avons déjà tous remarqué que lorsqu’on offre un jouet à jeune enfant, celui-ci s’amuse plus avec le carton d’emballage et le papier que le jouet lui-même. Pourquoi ? Car il n’est pas encore formaté aux codes sociaux. Si on se déprogramme, que le bonheur ce n’est pas d’avoir, mais d’être, alors la vie change. Ainsi, la quête de l’or de l’alchimie spirituelle répond davantage à une participation à être, que d’obtenir de l’or. On retiendra que l’arrivée est moins importante que la quête d’arrivée, si toutefois une destination est définie. Il serait peut-être très prétentieux d’arriver à la fin de cette quête. La vie est bohème.
Être dans le chariot ne veut pas dire se dépêcher à finir sa quête mais de profiter de chaque instant. La quête est par essence infinie et ne s’arrêtera jamais. Le plomb prend plus d’une vie à se transformer, se transmuter en or. Le chariot, c’est l’apparence. C’est chercher à plaire et à ne pas déplaire, mais à qui ? à soi ? aux autres ? à qui ? Le personnage du chariot est une marionnette du « je t’aime si … ». Je t’aime, si tu es riche, si tu es fort, si tu es grand, si tu réussis, si… C’est une quête de l’amour donnait par autrui. Le chariot nous invite à chercher l’amour en nous-même.
Triomphe
Futilité
Bonheur
Magie du quotidien
Avoir
Etre
Direction à sa vie
Diriger
Etre diriger
Hubris
Instant présent
Vaniteux
Perdre les manettes
Reprendre sa vie en main
Apparences trompeuses
Courage
Quête
Direction
Nouveau départ
Etapes